| Sohan Ismail -- LIGHT A MATCH faceclaim, © : r. malek (©astral witch)
saisons : passées quarante-trois odyssées disséminées derrière lui gravées dans le marbre où le souvenir en est la plume.
myocarde : observe d'un œil torve ce qu'il ne connaît pas; s'inquiète de ne rien ressentir et pourtant, chéri l'idée du romantisme au creux du cœur.
besogne : vagabond dans l'ère et l'air du temps, storyteller passionné se voulant passionnant, journaliste à la photographie facile sans peur et indépendant.
district : passe plus de temps dehors que dedans, l'extérieur est son univers mais se pose là où il s'est fait accueillir au sein du district sud.
# Dim 15 Sep 2024 - 15:06
the important thing is not to stop questioning. curiosity has its own reason for existing. c u r i o s i t yLes rues de Phoenix sont toujours agitées. Il n’y a pas un seul instant où on a l’impression de se retrouver seul. Une compagnie perpétuelle, tantôt gênante, tantôt réconfortante. C’est ce que je recherche, finalement. Un chaos organisé ou la paix désordonnée.
Armé de son appareil photo, ce genre de petit appareil avec une puissance étonnante et relativement discrète, Sohan arpente la ville pour la millième fois au moins malgré sa connaissance pointue de la géographie des lieux, comme à la recherche de quelque chose. En tant que reporter, il pourrait évidemment chercher LE scoop qui pourrait le propulser à la une d’un journal important et pourtant, ce qu’il veut trouver sont ces détails invisibles que personne ne voit. Une situation désastreuse qu’il pourrait dénoncer. Ces millions de petites histoires prêtes à être racontées mais dont tout le monde se désintéresse. La raison pour laquelle, après avoir travaillé pour les autres, il s’est mis à son propre compte. Qu’il s’est détourné de la justice dans son plus pur élément pour embrasser une autre cause après avoir estimé d’être l’homme que son père voulait qu’il soit ; un avocat reconverti au journalisme une fois qu’il s’est entendu dire qu’il était un bon fils. Un rêve qui n’était pas le sien mais qu’il a endossé sans broncher pour faire la fierté de ses parents et faire honneur à la chance d’être Américain là où ses parents n’étaient que des immigrés.
Qu’est-ce qui fait une bonne histoire ? La façon de raconter, un bon orateur capable de mettre de la nuance. Mais qui croire ? Un écrivain, journaliste ou romancier, est un habile maître des mots. Il peut raconter n’importe quoi, faire gober des sornettes à n’importe qui. La fiction est une chose, la réalité en est une autre. Et les journalistes ne sont pas connus pour être impartiaux.
Combien de fois il a défendu les intérêts de gens dont les médias ont raconté n’importe quoi à leur sujet à cause d’un mauvais angle, ou d’une mauvaise histoire car il faut simplement faire vendre ? Voilà pourquoi il a choisi la loi plutôt que la médecine ou autre chose. Connaître les travers et revers sans surprise, savoir jusqu’où il peut aller et la ligne à ne pas franchir. Une expérience solide qui lui sert aujourd’hui dans sa nouvelle lutte de la justice. Une justice différente, même s’il est toujours profondément attiré par les cas isolés et désespérés, ceux dont personne ne veut. Sohan est d’une curiosité extrême, il touche tout, goûte tout, il pose trop de questions, semble vouloir tout savoir mais fait le tri dans toutes ces informations pour n’en tirer que le meilleur. Et, bien sûr, il note tout. Sa passion du moment ? Lorgner sur les magnifiques bécanes des bikers de cette ville. Pas assez téméraire pour en posséder une, le seul deux-roues qu’il tolère reste le sempiternel vélo. Il trouve qu’il y a un mythe derrière le vrombissement féroce et envoûtant de ces chevaux infernaux faits d’acier. À chaque fois qu’il en voit une, il y a ce besoin irrépressible de toucher du bout des doigts, de connaître la texture, la solidité, cette ténacité propre à chaque bestiole mécanique.
Mais tout ça, ce n’est que de la curiosité pure, cette envie de connaître ce qu’il ne sait pas encore. Peut-être pour aussi démystifier l’univers des MC, comme ça s’appelle, ou pour en parler en sachant de quoi ça parle, pas de se fier aux racontars et avoir son propre avis. Le problème de Sohan, c’est qu’il veut savoir comment le monde tourne, alors lorsqu’il est là, accroupi devant une Harley Davidson absolument magnifique à regarder les roues et surtout les jantes en se demandant comment ça fonctionne, il n’entend pas le propriétaire du véhicule se manifester – ou en l’occurrence, la propriétaire et le voilà qu’il se redresse vivement et pourtant nullement gêné face à la jeune femme qui s’est approchée. Ou peut-être qu’elle est là depuis le début et qu’il n’a pas fait attention. — Excusez-moi, je ne vous ai pas entendue arriver. C'est votre Harley ?
Sohan Ismail | |