Nuit lourde, étouffante, comme un voile de chaleur qui refuse de céder, même après que le soleil ait depuis longtemps disparu à l'horizon. Phoenix, dans toute son aridité, ne semblait jamais offrir de répit. Et cette nuit-là, l'absence de sommeil l'avait poussée à sortir de son lit pour se réfugier dans le garage des diables rouges. Loin des draps humides et des rêves qui ne venaient pas, elle avait trouvé un semblant de paix dans le bruit sourd de l'acier et l'odeur familière de l'huile.

Assise sur un vieux tabouret en métal, Micaela faisait lentement tourner une pièce détachée entre ses doigts, observant chaque angle avec une attention minutieuse. Ses mains, déjà tachées de graisse, suivaient un rythme tranquille, presque hypnotique, tandis qu'elle nettoyait les restes de poussière et de crasse incrustées dans le métal. C'était un travail mécanique, sans surprise, mais il avait le mérite de canaliser l'agitation qui grondait en elle. Micaela avait appris à vivre avec ce feu intérieur, ce besoin constant de mouvement, d'action, même dans les moments où tout semblait suspendu dans une étrange torpeur.

Le garage était plongé dans une semi-obscurité, éclairé seulement par une vieille lampe accrochée au mur, qui diffusait une lumière vacillante, projetant des ombres mouvantes sur les murs de béton. Dehors, les cigales chantaient encore, obstinées, accompagnant le silence de la nuit avec leur symphonie monotone. Mais à l'intérieur, tout était calme. Presque trop calme pour Micaela, habituée aux bruits des moteurs, aux éclats de voix, à l'adrénaline qui pulsait dans ses veines. Pourtant, elle appréciait cette solitude choisie, cet instant volé où elle pouvait se concentrer sur quelque chose de simple, de tangible.

Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle reposait la pièce sur l'établi, ses prunelles sombres se perdant un instant dans le vide. Peut-être qu’elle avait espéré que ce travail manuel l’épuiserait suffisamment pour enfin trouver le sommeil. Mais même la monotonie du nettoyage n’arrivait pas à apaiser les pensées qui tournaient dans son esprit. La perte, la colère, la rage sourde qui n’attendait que la bonne occasion pour exploser. Ces émotions l’accompagnaient toujours, comme une ombre fidèle.

Soudain, un grincement se fit entendre, à peine perceptible dans l'immobilité de la nuit. Micaela ne leva pas immédiatement les yeux. Elle savait qu'elle n'était plus seule. Elle avait senti la présence avant même d'entendre le bruit, une intuition née de l'habitude, de l'instinct affûté par les années passées à naviguer dans ce monde de gangster.

Un sourire ironique étira ses lèvres, bien qu’elle n’ait pas encore vu celle qui s’approchait. Il n’y avait qu’une personne dans ce foutu quartier qui se permettait de la déranger à une heure pareille, avec cette insouciance provocante, presque suicidaire. Vivi. La fille au sourire qui jurait de vous faire regretter de respirer. Micaela n'avait pas besoin de la voir pour deviner la lueur de défi dans son regard, cette manière insolente de se tenir, prête à tout pour titiller les nerfs de ceux qui avaient le malheur de croiser son chemin.

Les doigts de Micaela se serrèrent légèrement autour de la clé à molette qu'elle tenait toujours, comme un rappel silencieux de sa propre maîtrise, de ce sang-froid qu'elle s'efforçait de garder en toutes circonstances. Mais ce soir, peut-être que cette fille chercherait un peu trop loin, peut-être que ce soir, le magma coulerait enfin.

“T’es là pour m’emmerder, ou t’as enfin décidé de te rendre utile ?” Sa voix, basse et contrôlée, résonna dans le garage, tranchant le silence comme un rasoir sur de la peau nue.

Elle n’avait pas besoin de tourner la tête pour savoir que Vivi était déjà là, à quelques pas, avec ce sourire en coin qui promettait des ennuis.

@vivi snake
[crédit; vixen]