| Sofélia Vargas she's like the wind faceclaim, © : blanca padilla, valruna
"l'océan qui emporte,
l'océan qui déborde,
à l'intérieur" saisons : [trente] pétales effondrés au sol, perdus à jamais, l'absence totale d'intérêt, mais jamais ne revinrent les jours de la plus précieuse insouciance, ceux dont on sait qu'ils continueront de passer par milliers.
myocarde : piétiné par les jolis mots et les douces paroles, lavé par cet espoir que tout change, et cet espoir rongé pour toujours, comme un vieil os offert à un chien. se complaît à remplir son lit, pour oublier le [vide] de sa poitrine.
besogne : vie dévouée à l'Autre, pour toujours, [assistante sociale] offerte corps et âme.
district : parce qu'elle crevait de son hypocrisie, déménagement dans le [south district] pour être plus proche des siens.
# Sam 10 Aoû 2024 - 21:14
in my mind, you're still there, a bright everything, my very old future. p e t t i n e s stw: disparition inquiétante, usage récréatif de toxiques. Encore une. Encore une femme disparue des radars, que la police ne chercherait pas, encore une volonté de cacher ce qu'il se passait réellement dans les quartiers dégueulant de violence, de mort et d'injustice. Même quand il leur arrivait malheur, tout le monde s'en foutait. Elle avait passé la journée avec son collègue, à écumer les rues sales pour trouver quelqu'un qui l'aurait vue. Elle était là la veille, Sofélia l'avait même accompagnée à la soupe populaire où Letty lui avait servi une écuelle pleine tout autant qu'une grande plâtrée de ses sourires les plus doux et alors, elle sait que la jeune femme avait passé une bonne soirée. C'était avant qu'elle rentre chez elle et que probablement, elle se fasse rosser parce qu'elle n'avait pas rapporté assez. Pas assez de thunes, pas assez de fellations derrière les voitures pour quelques billets balancés à la gueule. Et elle n'était plus là, évanouie, et déjà, le monde se contentait d'avaler sa disparition. Sitôt disparue, aussitôt oubliée. Elle avait ramené le dossier au bureau et, esquivant les accolades maladroites qui lui aurait donné envie de pleurer, elle s'était enfuie, sous le soleil se couchant à l'horizon. Quelques années en arrière, elle aurait eu espoir, et sa recherche aurait duré probablement une belle semaine. Une semaine sans manger, ou le minimum, sans trop dormir, une semaine à écumer le moindre squat, le plus petit recoin où elle aurait pu se cacher pour se piquer, partout. Maintenant, elle ne sous-estimait plus la ville, Phoenix avait une capacité incroyable à digérer les perdus, ceux qui déambulaient sans but dans la vie, et jamais on ne les voyait plus. Battue à mort probablement, balancée au fleuve, et oubliée dans la foulée. Ca la rendait malade. Ca lui donnait envie de gerber, de pleurer, de crier. Et il n'y avait rien de plus à faire. Parfois, ça renforçait sa détermination à rendre le centre social plus utile encore, et parfois ça la détruisait, simplement. Elle avait décidé de s'abrutir, ce soir, et avait poussé la porte d'un bar enjoué; musique, bandes de jeunes gens aux manteaux de cuir et aux mains gantées, elle adressa un signe de la tête au barman qu'elle connaissait et s'engonça dans un des tabourets au bar, lui demandant avec un sourire comment s'était passée la journée. Elle était connue dans le coin, Sofélia, elle voulait bien s'occuper de tout le monde, et elle avait déjà tiré de l'embarras beaucoup de familles. Elle était celle qui n'avait pas peur d'aller passer ses après-midi à assiéger la mairie pour obtenir plus d'aides encore, pour porter à leur connaissance des cas difficiles et parfois, elle obtenait gain de cause. Elle était comme cela, et on l'appréciait pour ça. Perdue dans ses pensées, elle éteignit son téléphone qui sonnait de trop, ce soir, et déterminée à se changer les idées, jeta un coup d'œil autour d'elle. Une silhouette connue et reconnue la regardait, depuis l'autre côté de la pièce. Chuchotant à son reflet dans le miroir derrière le bar, elle psalmodia « Viens pas, viens pas, viens pas... » Sofélia Vargas | |